Le plomb dans les aliments pour bébés: comment les parents peuvent réduire le risque

La nouvelle a été un choc pour les parents de nourrissons: 20% des aliments pour bébés testés pendant une décennie contenaient des quantités détectables de plomb, selon un récent rapport. Certains types d’aliments pour bébés, ceux à base de légumes-racines en particulier, étaient beaucoup plus susceptibles de contenir l’élément chimique nocif. Parmi les échantillons de patates douces, 86 pour cent se sont révélés positifs pour le plomb; 43 pour cent des échantillons de carottes l’ont été aussi. Pire encore, les jus de fruits commercialisés spécifiquement pour les bébés avaient beaucoup plus de chances de contenir du plomb que les variétés commercialisées pour tous les âges (89% contre 68% pour le jus de raisin testé et 55% contre 25% pour le jus de pomme, respectivement).

Le rapport, publié en juin par "l’Environmental Defence Fund", a également trouvé du plomb dans 64% des biscuits à l’arrow-root (tubercule) testés et 47% des biscuits de dentition. Les résultats englobaient 11 années de données de la "Food and Drug Administration". Dans quelle mesure les parents devraient-ils être préoccupés? «Nous devons prendre cela très au sérieux», explique Ashley DeHudy, M.D., pédiatre dans un l’hôpital. «Nous pensons souvent à une exposition à travers la consommation d'une eau contaminée ou de la peinture à base de plomb». « Ce rapport indique fortement que la nourriture ne peut être négligée comme source d'empoisonnement. » Pourtant, dit-elle, les parents ne devraient pas paniquer simplement être prudents. Le rapport d’EDF (l’Environmental Defence Fund, pas le fournisseur d’électricité) a échantillonné des aliments de partout dans le pays et n’a pas divulgué de noms de marque, ce qui rend certaines conclusions plus difficiles à tirer en fonction de la situation familiale et des habitudes alimentaires de chacun. Cela devrait vous inciter à être vraiment vigilent (voir comment faire ci-dessous), dit DeHudy.

Il n’y a pas de niveau de sûr-exposition au plomb, selon la FDA, qui maintient néanmoins des niveaux fixés pour le plomb dans les aliments – des critères de référence que DeHudy considère obsolètes et négligeant des connaissances scientifiques actuelles. Et ces directives varient: la FDA considère que l’eau en bouteille avec une teneur en plomb de 5 parties par milliard est acceptable, par exemple, mais le jus de fruit peut contenir jusqu’à 50 parties par milliard. Les enfants de 6 ans et moins, note-t-elle, sont les plus vulnérables aux risques de consommation de plomb, quelle qu’en soit la quantité. «Des études ont montré qu’une exposition plus élevée au plomb peut entraîner une baisse des niveaux d’intelligence – avec un impact direct sur le QI, les problèmes de comportement et les troubles d’apprentissage», explique DeHudy. Autre gros danger: le plomb, lorsqu’il est ingéré, est distribué dans des organes tels que le foie et les reins. La présence de plomb se manifeste par d’autres moyens, dit DeHudy – notamment via les quantités persistantes trouvées dans les insecticides à base de plomb et les émissions d’essence contenant du plomb (les deux sources ont depuis été interdites). Les restes peuvent être dans le sol, affectant ainsi l’approvisionnement alimentaire. C’est pourquoi la FDA maintient qu’il n’est tout simplement pas possible d’atteindre une norme de tolérance zéro. Sur la base de ses nouvelles découvertes, cependant, l’EDF conseille aux fabricants d’aliments pour bébés de s’assurer que leurs produits ne contiennent pas plus de 1 partie par milliard de plomb. L'EDF souhaite également que la FDA actualise ses limites de plomb et ses directives de sécurité alimentaire, entre autres.

Pour l’instant, il existe plusieurs façons de réduire le risque (et l’inquiétude) pendant les repas. Compte tenu des ingrédients les plus problématiques du rapport EDF, les parents doivent s’efforcer d’alimenter leurs bébés de manière équilibrée afin de minimiser l’exposition au plomb. «Les carottes et les patates douces avaient tendance à être coupables (le plus chargées en plomb), donc ce n’est pas une bonne idée si le régime alimentaire d’un enfant se compose principalement de celles-ci», explique DeHudy. « Adoptez une approche tout en modération. » Et bien que la consommation d’aliments pour bébés tout prêt (industriel) puisse sembler une alternative plus facile, elle note qu’il n’y a aucun moyen de vérifier que les produits achetés en magasin sont sans plomb. Ceux qui font leur propre nourriture devraient utiliser de l’eau froide, car l’eau chaude est plus susceptible de contenir la toxine si leur maison a des tuyaux en plomb. De même, les parents occupés pourraient également avoir du mal à réaliser des petits plats maison, dit DeHudy. Cependant s'il y a une règle a respecter c'est : Méfiez-vous des jus de fruits. Chez nos voisins Américains l’académie "American Academy of Pediatrics"a recommandé en mai qu’aucun jus ne soit servi aux enfants de 1 an et moins et qu’il soit servi avec parcimonie les années suivantes. Cela est conforme aux conclusions d’EDF, qui notent que le jus de fruit contient souvent du plomb soluble – une forme qui est plus facilement absorbée par l’organisme. DeHudy dit : « Les enfants devraient manger des fruits, pas les boire. » Elle encourage les parents à parler avec leur pédiatre de la sécurité alimentaire. DeHudy, pour sa part, déconseille à ses clients d’acheter des céréales de riz pour nourrissons, car les produits peuvent contenir de l’arsenic. «Les parents peuvent contacter leurs marques alimentaires préférées: testent-ils régulièrement le plomb et rendent-ils ces résultats publics?» Dit DeHudy. «Être un consommateur conscient aide à limiter les expositions auxquelles vos enfants peuvent être confrontés.»