Les médecins et chirurgiens essayent toujours de trouver la façon plus sure, la plus rapide et la moins intrusive de mener à bien une opération et d’administrer des soins. Mais de récentes études indiquent que les méthodes actuelles peuvent présenter certaines lacunes dans le domaine de la gestion de la douleur.
Le chirurgien cardiaque G.Michael Deeb affirme que dans notre société, il est d’usage que les patients bénéficient d’un traitement instantané de la douleur après une opération chirurgicale. Ce phénomène a pour conséquences une augmentation de la consommation de narcotiques et autres médicaments ainsi qu’une tendance accrue au surdosage.
Il est naturel d’attendre du personnel soignant qu’il nous administre ou nous prescrive des médicaments de manière raisonnable et en concordance avec les méthodes standards et approuvées. En effet, prescrire des médicaments réduit en apparence la douleur des patients et il est si facile d’opter pour l’ingestion d’une petite pilule. Mais quelles sont les complications ?
Il n’existe pas de comprimé « magique »
Après une intervention chirurgicale majeure, il est courant de ressentir une douleur résiduelle qui peut durer plusieurs mois. Bien que la douleur diminue avec le temps, il est primordial que le patient soit informé du type et de la quantité de douleur à laquelle il peut s’attendre durant sa convalescence afin qu’il puisse mieux appréhender son traitement. La consommation de médicaments quant à elle devra être régie de manière à maximiser le soulagement du patient tout en minimisant les effets secondaires et le risque de dépendance.
Même les médicaments en vente libre peuvent poser des problèmes physiologiques. L’utilisation excessive d’acétaminophène et d’ibuprofène au fil du temps peut avoir un impact négatif sur les fonctions rénales et hépatiques. « Il n’y a pas de pilule magique », explique le chirurgien G.Michael Deeb. « Les opioïdes n’enlèvent pas vraiment la douleur ; ils la masquent. Dès que les effets du médicament se dissiperont, le patient voudra des médicaments supplémentaires, ce qui peut constituer un grand danger pour sa santé. Rien n’est bénin. Trouver un équilibre entre les mesures prescriptives et non prescriptives pour combattre la douleur est essentiel pour guérir correctement après une intervention. »
Le partenariat « fournisseur »/patient
Le rôle du personnel médical est de préparer le patient à son intervention et de lui fournir des soins de suivi nécessaires, ce qui comprend les connaissances et les ressources nécessaires pour gérer la douleur. Il incombe ensuite au patient et à sa famille de participer activement au processus de rétablissement organisé par l’équipe soignante.
Quand le patient bénéficie d’une discussion approfondie sur les douleurs post-opératoire auxquelles il peut s’attendre, il est davantage prêt à gérer la situation. Cependant, chaque patient est différent et peut avoir des besoins différents en matière de gestion de la douleur physique ou mentale.
Souvent, les patients associent la douleur qu’ils ressentent après une intervention chirurgicale à quelque chose qui ne va pas. « La douleur est normale. Ne précipitez pas votre rétablissement », dit le Dr Deeb. Cette douleur pourrait faire partie du processus de guérison. « Si vous faites une activité régulière et que cela cause une douleur, ce n’est peut-être pas nécessairement parce que vous avez fait quelque chose de mal. »
Avant tout acte chirurgical, posez ces quelques questions essentielles au personnel soignant :
- Quel sera l’impact physique et mental de l’intervention chirurgicale ?
- Comment le traumatisme chirurgical affectera-t-il mon rétablissement ?
- Quel est le temps de rétablissement prévu ?
- Quels sont les types d’activités que je peux m’attendre à réaliser au cours des prochains mois ?
- Quel est le schéma de douleur normal et attendu après l’intervention ?
- Comment puis-je savoir si ma douleur est normale, et si elle ne l’est pas, qui dois-je contacter pour m’informer ?
- Dans quelle mesure prendre des médicaments pourrait m’aider ou au contraire me desservir dans ma convalescence ?
- Pouvez-vous me prescrire un programme de gestion de la douleur qui maximise le soulagement de la douleur, mais qui minimise mon utilisation de médicaments sous ordonnance ?
Une douleur physique importante après une intervention chirurgicale est souvent accompagnée d’une détresse mentale et émotionnelle, qui est souvent négligée. Notre chirurgien explique que les équipes soignantes, dans toutes les disciplines, doivent travailler ensemble pour reconnaître les signes d’anxiété et de douleur chez leurs patients après un acte chirurgical et leur fournir des méthodes pour traiter leurs problèmes, ce qui pourrait à son tour minimiser les conséquences non intentionnelles, comme la dépendance à la drogue.
Changer la gestion de la douleur
« Les gens ont de l’empathie pour les enfants lorsqu’ils doivent composer avec la douleur causée par la chirurgie et leur fournissent des spécialistes de la vie des enfants formés pour les aider à mieux composer avec cette douleur et cette anxiété », explique le Dr Deeb. « Cependant, lorsqu’ils deviennent adultes, on leur dit de serrer les dents s’ils souffrent ou s’ils reçoivent des médicaments. Où est la même empathie pour les adultes ? Ils souffrent aussi. Ils ont besoin de notre aide sans être exposés aux risques de surutilisation des analgésiques prescrits. »
G.Michael Deeb et ses collègues sont en train d’étudier la séquence des événements de planification chirurgicale qui vont de la première rencontre d’un patient à 90 jours après sa guérison. Leur étude porte sur trois perspectives différentes : les résultats cliniques, l’expérience du patient et la quantité d’opioïdes utilisés.
L’étude comprend un entraîneur « de confort » et des spécialistes certifiés de la vie des enfants, qui rencontreront les patients et les familles pour discuter des attentes de l’opération et fournir une thérapie alternative basée sur les intérêts du patient, comme les techniques de pleine conscience, musique ou art, en plus de tout médicament contre la douleur prescrits.
Cet article possède comme source le Michigan Medicine health blog. Et plus particulièrement l’article intitulé « Pain After Surgery: Addressing Emotional Trauma During Recovery » écrit par JORDYN IMHOFF.